IL ETAIT UNE FOIS…

Bah quoi, c’est bien comme ça que toutes les histoires commencent, non ? Alors la mienne n’y fera pas exception. En plus, même si ce n’est pas un conte de fée, j’ai le droit d’y croire, moi. Et comme c’est moi qui raconte, je fais ce que je veux d’abord ! Bon, j’en étais où avec tout ça ? Ah oui, c’est vrai. Posons les bases avec le début de cette merveilleuse histoire.

Il était une fois, une sorcière égyptienne férue d’Etude des Moldus qui parcourait le monde depuis la fin de ces études. Elle prenait des notes, observait et interrogeait afin de rédiger des textes et mêmes des livres sur le sujet. Son rêve était de voir l’un de ses ouvrages reconnu et utilisé dans les écoles de sorciers comme référence dans le domaine, autant dire qu’elle avait de l’ambition et qu’elle prenait son travail très au sérieux.

Et puis un jour, il y a eu cette rencontre, dans l’archipel des Tuamotu. Il était moldu et chef cuisinier de son propre petit restaurant de plage. Polynésien de souche, son bagage culturel ne pouvait que séduire la sorcière égyptienne. Tout comme ses plats, aussi exigeants que ses recherches. Et puis, il était franchement bel homme. Jovial et agréable. Intriguant et même à sa façon, magnétique. Au point que la sorcière revint le voir souvent, très souvent. Jusqu’à ne plus repartir.

Bien qu’issus de deux mondes différents, leur amour n’en a jamais souffert. Au contraire, cela l’a renforcé. Dès le départ, ma mère lui a tout raconté et mon père a très bien pris la chose. Pour être si formidable, elle ne pouvait être que magique de toute façon. C’est ce qu’il a toujours répété, même devant moi.

Ils se sont installés ensemble sur l’ile de Ravahere puis ils se sont mariés, mon père a même pris le nom de ma mère, bien plus facile à prononcer que le sien. Par contre, ils n’eurent pas beaucoup d’enfants parce qu’ils n’ont eu que moi. Mais rassurez-vous, je fais office d’une classe à moi toute seule alors ils n’ont pas eu le temps de s’ennuyer pour autant.

Perle des rochers, jolie fleur, bulle d’écume, petit tourbillon aussi, j’ai eu droit à des tas de surnoms affectifs. Je crois que c’est pour ça que j’en donne à tout va moi aussi maintenant. Mes parents se sont bien occupés de moi, présents et attentionnés. Moins ma mère passé mes 4 ans car pour terminer son ouvrage, elle a dû repartir en voyage mais elle ne s’absentait jamais longtemps. Fini le tour du monde, elle demeurait dans le Pacifique et ses alentours. Et puis, papa avait bien besoin de son aide et de son soutien.

Très tôt, je me suis révélée d’une curiosité insatiable. Les étoiles, les dinosaures, le milieu marin, la cuisine, les plantes, la pêche, la culture polynésienne, je voulais tout savoir. Et je me donnais les moyens de tout découvrir et retenir. Il n’a pas fallu longtemps à mes parents pour se rendre compte que j’étais surdouée mais il préférait laisser ma créativité et mes talents s’exprimer seuls et au milieu de personnes normales. J’aurais tout le temps adulte de choisir ce que je voudrais faire de mes capacités alors je devais profiter de mon enfance paisible comme n’importe quel enfant.

Mais ça, c’était sans compter sur les manifestations spontanées de mes pouvoirs qui arrivaient toujours lors des absences de ma mère. Si au départ, cela paniquait complètement mon père, il a été ravi en racontant tout cela à ma mère de découvrir que moi aussi, j’étais magique.  Une sang-mêlée, que pouvait-il y avoir de mieux pour illustrer leur propre idylle ? Evidemment, il restait à chaque fois particulièrement surpris mais prenait cela avec beaucoup de philosophie. Même lorsque j’ai retourné involontairement la cuisine, c’est dire.

J’ai davantage vécu comme une moldue, la Polynésie n’étant pas le plus grand réservoir de sorciers qui soit, et cela ne m’a jamais gêné. Au contraire, je suis contente d’avoir mener cette vie calme et insouciante toute mon enfance. Cela m’a permis de le rester par la suite. Parce que pour mes 12 ans, j’ai reçu un courrier très spécial que même ma mère ne s’attendait pas à voir arriver : un dossier d’inscription à Obliviate.

Evidemment, ce dernier à fais débat à a maison. Ma mère espérait une école de sorcier plus proche pour venir me voir plus facilement alors que mon père n’était pas très partant pour que je me retrouve dans une école si élitiste. Nous étions des gens simples malgré tout. Nous en avons discuté tous ensemble et c’est moi qui les ai rassurés. Pourquoi changerais-je en étant là-bas ? J’aurais seulement des cours plus poussés qu’avant, ce que j’avais hâte de découvrir.

La séparation fut cependant un peu plus compliquée que je ne m’y étais attendue. Je n’avais jamais quitté mon île ni mes parents alors me retrouver dans une telle école avait de quoi me perdre. Mais j’ai rapidement su me trouver de nouveaux repères, m’adaptant sans mal et me faisant pleins d’amis. J’étais fière d’être une élève Pyxidis et j’ai toujours tout fait pour rendre honneur à ma maison. Même dans le monde sorcier, je gardais un lien avec l’océan qui m’avait toujours bercé, ce n’était pas rien. Aujourd’hui encore, je garde une petite préférence pour ma ‘maison de cœur’ mais chut, c’est un secret.

Ma scolarité s'est déroulée tranquillement, sans accroc ni fait extraordinaire. Enfin si, j’ai vu le grand Cerf Doré. Le vrai, le seul et unique. Ça, c’était une expérience véritablement fantastique ! Et j’ai sauvé un camarade de la noyade en 6eme année aussi. Après, pour moi, ce n’est pas un exploit, juste une réaction normale. Je ne pouvais pas le laisser risquer de mourir alors que je pouvais l’aider. Je n’en tire aucun mérite particulier même si je suis fière d’avoir pu le sauver. Je crois que c’est ce qui a terminé aussi de me décider pour mes futures études. Le chaudron qui a explosé ? C'est un détail, ça. Et puis à part moi, plus personne ne s'en souvient à présent. On dira que c'est l'erreur dans mon parcours, il en fallait bien une pour prouver que je ne suis pas parfaite.

Après mes BUSE passées haut la main, j’avais commencé à réfléchir plus sérieusement à ma future carrière et finalement, mon choix s’est naturellement arrêté sur des études de médicomage. D’autant plus que depuis mes ASPIC validés, les choses se sont vraiment corsées en dehors de l’école. Evidemment, nous sommes au courant de la montée en force des mages noirs même si de notre place, nous sommes très protégés. D’ailleurs, moi qui souhaitais intégrer Sainte Mangouste pour y faire mes preuves, j’ai fini par céder à l’insistance de mes parents et suivre mon cursus entier de formation sans quitter Obliviate. Pour me consoler et me motiver à sa façon, ma mère m’a même offert un uniforme vert et blanc typique des médicomages que je conserve encore précieusement aujourd’hui.

Si mon choix a été très bien accepté et soutenu par ma famille, certains de mes professeurs et camarades n’étaient eux pas vraiment du même avis. J’avais tant de capacités, pourquoi me limiter à si peu ? Je pourrais devenir une formidable guérisseuse selon eux, et ils ont surement raison de le penser. Mais je veux être au plus proche des gens et au plus vite. Il me parait évident que nous aurons besoin aussi d’excellents médicomages rapidement et ça, je sais que j’en serais capable. C’est ce que je veux être. La meilleure dans mon domaine mais tout en restant accessible et auprès de tous ceux qui auraient besoin de moi.

Au final, je suis restée fidèle à moi-même et à ma ‘piètre’ ambition. Je ne cherche pas les honneurs, je préfère me savoir un soutien efficace qu’un leader incontesté. L’union fait la force après tout. J’ai donc suivi mes 3 années d’études et de stage au sein de l’école avant d’être enfin nommée Médicomage. Et même si ma première idée avait été de quitter l’enceinte d’Obliviate pour venir aider à l’extérieur, de nouveau, mes parents m’en ont dissuadés. Mine de rien, l’école servant de refuge à ceux fuyant l’oppression des mages noirs, je ne risquais pas de manquer de travail même ici.

Même si mon travail me prend beaucoup de temps, mes connaissances et mes capacités étant plus que nécessaire et très souvent réclamées dans ce contexte difficile, je ne pouvais cependant pas me limiter à cela. C’est pour cela que j’ai voulu devenir Gardienne. Obliviate m’a tout offert aussi je trouve que c’est un juste retour des choses de ma part de m’investir au maximum pour elle. Et si les derniers arrivants manquent de plus en plus d’espoir, je serais là pour les aider à en retrouver. Soigner les corps, c’est mon métier mais consoler les cœurs et apaiser les âmes, c’est dans mes gênes.

Bien que n’ayant plus aucune nouvelle de mes parents depuis plusieurs années, je continue de croire que je pourrais les revoir. Après tout, le proverbe le dit bien : Pas de nouvelle, bonne nouvelle. De toute façon, je n’aurais pas le temps de parcourir la Terre à leur recherche, ayant bien trop à faire ici. Alors je soigne et je guide, je console et je rassure, je répare de mon mieux les cœurs et les corps en offrant à tous cet espoir dans lequel je crois encore et toujours, envers et contre tout.

S’il ne doit rester un jour qu’un seul refuge contre le Mal, j’en suis sure ce sera Obliviate.
Et je serais là pour le protéger.