Marguerite est la seconde fille des Couture, une famille canadienne de Sang-purs qui ne prônait pas l’élitisme. Son ainée était l’enfant idéale, sorcière émérite, belle et talentueuse, qui obtint sa place dans toutes les grandes écoles au fil de sa croissance, dont Obliviate. Marguerite fut au contraire vite considérée comme cracmol, sans moyen d’utiliser la magie bien qu’elle puisse la voir et la comprendre. Leurs parents ne firent jamais cas de leur grande différence, les aimant toutes les deux tendrement et voulant pour chacune d’elles le meilleur possible. Il faut dire que Mme Couture, marraine et donatrice de plusieurs associations et écoles, voulait voir disparaître les classes sociales arbitraires. Elle n’était pas vraiment écoutée, femme mondaine issue d’une riche famille, mariée à un Sang-pur comme elle quoiqu’il s’agisse d’un mariage d’amour, on lui donnait même comme remarque qu’elle « méritait d’avoir eu Marguerite ». Sous-entendu que sa dernière était un poids et une punition de prêcher ce qu’elle ne pouvait appliquer.

Marguerite elle-même souffrait de cette exclusion toute particulière envers les cracmols. Non elle ne pouvait pas faire tous ces tours qui l’émerveillait et que sa sœur exécutait d’un tour de baguette. Pire encore, si la petite fille supportait les remarques, enfant, car elle n’était pas si différente des autres enfants de son âge, et que son ainée et ses parents la cajolaient si cela venait à la faire pleurer, l’adolescence ne fut pas tendre, voire cruelle. Ecartée de sa sœur qui allait en école de magie, elle allait dans des écoles moldue, prenant un embonpoint qui amusait les autres sans pousser d’un centimètre. Mais c’était pire de revoir sa sœur à chaque vacance qui avait à chaque fois changé, devenant plus froide avec elle, lui reprochant de faire trop lentement les choses sans magie, de ne pas être aussi bien qu’elle. Leur père refusait ce comportement mais l’adolescence n’est pas un âge facile autant à vivre qu’à gérer. Leur mère espérait qu’en invitant les amies de chacune de ses filles, cela apaiserait les tensions, mais c’est lors de cette petite fête que les parents Couture comprirent le cœur du problème. L’ainée s’était entourée d’amis élitistes, qui ne cessèrent de se moquer des enfants moldus ou cracmols composant le groupe de Marguerite. Leur faire des tours dans leurs dos, tricher durant les jeux, les garnements n’épargnèrent rien et Marguerite perdit ce jour-là beaucoup. Des amis d’abord, qui ne voulaient plus la revoir, sa confiance en soi qui déjà s’effritait lentement mais sûrement, et l’affection qu’elle avait pour sa sœur, sans disparaitre, s’accompagnait d’une peur réelle envers elle. L’ainée, elle, affronta la colère de ses parents et la tristesse de sa sœur d’un revers de la main, certaine comme peuvent l’être els adolescentes qu’elle n’avait rien fait, qu’ils s’étaient amusés et que si sa sœur et ses amis ne s’étaient pas défendus, c’étaient qu’ils n’en avaient pas le cran. Des mots qu’elle avait évidemment entendu en boucle dans son cercle d’amis et qu’en plein âge rebelle, elle avait pris pour credo.

Ses parents pensèrent qu’il fallait lui faire changer ses fréquentations, mais être admise à Obliviate telle qu’elle l’était lui assurait un bel avenir, et l’aînée ne voulait pas perdre ses amis qu’elle s’était faits, pleurant et accusant ses parents de favoriser sa sœur au détriment de son bonheur à elle ! Les propos de leur fille n’avaient pas de sens et les parents espérèrent qu’en la laissant apprendre de ses erreurs quand elle sera plus mûre serait moins cruel que de la priver de son avenir pour des idées passagères. Marguerite avait un peu peur de cette solution mais ses parents la rassurèrent, sa sœur avait juste une mauvaise phase adolescente. Et Marguerite, en compensation, voulait être une fille plus sage pour ses parents. Elle ne fit pas d’histoire et quand elle trouva sa voie, la confection de vêtement, elle aimait en parler et s’épanouir dans son domaine, au grand plaisir de ses parents.

L’occasion idéale de prouver à sa sœur qu’elle avait trouvé une utilisé se présenta lors de la cinquième année de celle-ci. Le bal de l’école approchait et Marguerite décida de confectionner pour sa sœur la plus belle robe possible ! Elle ne ménagea pas ses efforts, mit en pratique tous les secrets de couture et sa créativité pour lui offrir par hibou une tenue digne d’elle. Ses parents avaient été impressionnés par le résultat et lui avaient assurés, persuadés, que sa sœur verrait l’évidence de ses progrès et tout l’amour qu’elle avait mis dans cette robe ! Non seulement sa sœur n’ouvrit même pas le paquet, mais elle le renvoya en prétextant avoir déjà une robe pour la soirée, offerte par une de ses amies. Offusquée face à la froideur de sa fille, Dame Couture voulu punir son ainée, d’une manière bien moins bruyante qu’une beuglante, mais tout aussi efficace. Elle écrivit à une autre élève d’Obliviate, dont elle était le mécène, et lui proposa la robe de Marguerite. La jeune fille accepta avec joie et Marguerite retoucha la robe aux mensurations de l’élève, sur la demande et les consolations de sa mère.

Le jour du bal, la robe de Marguerite fit sensation. Elle n’avait pas d’effets magiques, mais elle n’en avait pas le moins du monde besoin. Légère, élégante, elle serait allée comme un gant à l’aînée Couture mais elle mettait plutôt en valeur une autre jeune fille, qui n’hésitait pas à révéler l’origine d’une telle tenue. L’aînée fut interrogée de mille regards avant que ne sorte l’information que sa petite sœur n’était pas une sorcière digne, juste une Cracmol. Mais juste une Cracmol qui avait fait un si beau cadeau à une jeune élève qu’elle ne voyait pas souvent quand sa sœur portait une robe bien plus banale ? L’élève là encore fit ce que Dame Couture lui avait demandé. Elle dit haut et fort que l’aînée avait refusé la robe sans même la regarder, parce qu’elle pensait que sa sœur ne pouvait rein faire de bien. Même si les amis de l’aînée tentèrent de faire valoir ce point de vue, les voix plus nombreuses, trop nombreuses, méprisèrent l’absence de jugement de la jeune femme face au talent de sa sœur et son élitisme aveugle. En plein bal, l’aînée des sœurs Couture fut totalement humiliée.

De retour à leur maison, Marguerite essuya la colère explosive de sa sœur dès son arrivée. Effrayée, elle ne comprit pas pourquoi une simple robe la mettait dans cet état et sa sœur finit par cracher le morceau. La robe de l’ainée au bal était de sa propre fabrication. Car l’aînée, froide avec Marguerite, s’était intéressée à ses études de loin, mais elle en avait pris goût ! Les deux sœurs étaient toutes les deux passionnées de couture mais ce n’était par un art noble et l’aînée n’osait pas vivre son loisir. Elle était encore débutante mais elle persévérait. Et bien sûr, comme elle avait toujours été meilleure que sa sœur en tout, elle ne doutait pas de la dépasser dans ce domaine aussi. Mais elle vivait un cauchemar depuis le bal, traité de mauvaise sœur, et entendant encore des remarques sur sa robe si simpliste face à celle de Marguerite. Sa mère espéra qu’au moins maintenant que sa fille avait été bien punie, elle réfléchirait à ses actions et redeviendrait plus humble. Non.

Alors que le lien entre les deux sœurs était brisé, malgré tous les efforts de Marguerite pour partager ses connaissances et ses astuces à sa sœur, son aînée la rabroua pour s’enfermer et tout en accusant sa famille de ne pas la comprendre, elle dépendit plus que jamais de ses amis qui la confortaient dans l’idée qu’elle était et restait meilleure en tout, que de toute façon la couture ne servait à rien et qu’elle pouvait les rejoindre dans d’autres activités plus intéressantes.

Marguerite et ses parents perdirent subitement le contact avec elle peu de temps avant les attentats. Une lettre d’elle leur parvinrent, coupant tout contact avec eux, et avertissant qu’ils ne se reverraient plus comme une famille, mais comme des ennemis. Par frustration adolescente, l’aînée des Couture avait fait un choix tragique, que sa sœur ne pouvait pas, et ne voulait pas faire. Simple Cracmol, mais avec des talents bien à elle, Margueritte voulut aider et trouva mille façons de le faire. Elle organisa comme elle put la protection de moldus, l’évacuation de civils et dut même parfois se confronter aux mages noirs, qui par chance plus que par pitié laissèrent sa vie sauve en échange de tout ce qu’elle pouvait posséder.

Marguerite ne voulait pas s’enfermer dans la bulle, mais elle savait que face à l’ennemi, elle n’était pas une combattante. Alors elle se promit d’aider autant que possible les habitants d’Obliviate. Elle avait déjà une petite notoriété grâce à l’histoire de la robe qui n’avait pas qu’entaché le nom de son aînée mais qui avait marqué son nom dans les mémoires des jeunes femmes de l’époque. Elle put avoir ainsi assez d’aide pour ouvrir sa boutique et s’en sert autant pour les élèves nécessitant des uniformes impeccables que les réfugiés en attente de vêtements et de linges pour vivre.